Douleurs neuropathiques

Douleurs neuropathiques : symptômes, causes, diagnostic et traitements

Au XXIe siècle, 7% de la population française adulte souffrirait de douleurs neuropathiques (étude Bouhassira et al., 2008). Ces douleurs sont liées à une lésion ou une maladie affectant le système somatosensoriel périphérique ou central (les nerfs et les parties du cerveau qui en reçoivent les messages). Souvent sous-estimées, sous-diagnostiquées et sous-traitées, elles peuvent pourtant être traitées par des professionnels de santé autres que le neurologue et parfois indépendamment de leur origine.

Car la douleur n’est pas une fatalité et, comme beaucoup de symptômes, elle peut se soigner. Le tout c’est d’en parler…

Symptômes et causes des douleurs neuropathiques

Les douleurs neuropathiques s’expriment de façon très variées. Il peut s’agir de simples fourmillements, de sensations de brûlures passagères ou continues, de douleurs au contact même léger (allodynie) ou de douleurs profondes, fulgurantes ou persistantes.

De la même manière, ses causes peuvent avoir des origines diverses, toutes affectant l’une ou l’autre partie du système somatosensoriel :

  • Traumatique : Arrachement, étirement. Section totale ou partielle de nerf après chirurgie. Amputation avec syndrome de membre fantôme
  • Compression d’un nerf, tumeur, hernie discale,…
  • Envahissement tumoral
  • Toxique : Chimiothérapie (vincristine), antituberculeux.
  • Infectieuse : Zona, maladie de Lyme,…
  • Métabolique : Diabète, neuropathies carentielles (vitamine B12)
Douleurs neuropathiques - Symptômes et causes

Non traitées, les douleurs neuropathiques peuvent générer des troubles du sommeil, de l’anxiété et/ou de la dépression. Ces derniers peuvent ensuite aggraver la douleur. On rentre alors dans un cercle vicieux dont il est n’est pas aisé de s’extirper.

Diagnostic et évaluation de la douleur neuropathique

L’évaluation de la douleur et la recherche de son origine passent par plusieurs étapes :

  • Examen clinique
  • Analyse des symptômes
  • Évaluation de la probabilité d’une lésion nerveuse

Ces procédures doivent être réalisées par un professionnel de santé qui pourra s’aider de différentes échelles d’évaluation (numérique, verbale simple, Algoplus…). Elles permettront de quantifier et/ou qualifier la ou même les douleurs. En effet, les douleurs neuropathiques peuvent apparaître en même temps que d’autres types de douleurs (douleurs nociceptives, voir encadré en bas de cet article).

Nous vous proposons ici un exemple de grille d’évaluation propre aux douleurs neuropathiques : le questionnaire DN4. Pour Douleurs Neuropathiques en 4 questions.

Questionnaire DN4 - Douleurs neuropathiques en 4 questions

Traitement de la douleur neuropathique

Une fois le diagnostic établi, il faut traiter la douleur. Si elle est identifiée, on traitera en priorité la cause de cette douleur : le traumatisme, le nerf touché, la source de la douleur… Avant, pendant et parfois après que la source soit soignée, on soulagera la personne qui souffre avec diverses thérapies.

Les traitements médicamenteux

Sur prescription médicale uniquement.

TraitementAutres bénéfices attendus
Antidépresseurs tricycliques : Amitriptyline, Imipramine, ClomipramineAmélioration de l’humeur
Antidépresseurs IRSNA : Duloxetine, VenlafaxineAmélioration de l’humeur et de l’anxiété généralisée
Antiépileptiques : Gabapentine, Prégabaline, ClonazepamAmélioration des troubles du sommeil et de l’anxiété généralisée
Opiacés faibles : Tramadol

Opiacés forts : Sulfate de morphine et Oxycodone
Rapidité de l’effet
Efficacité sur la douleur nociceptive/inflammatoire
Emplâtres de lidocaïne (VERSATIS)Pas d’effet systémique
Capsaïcine patch cutané (QUTENZA)

Les traitements non-médicamenteux

Actes médicaux, soins de support qui soit ciblent l’origine de la douleur, soit interviennent dans la gestion de la douleur en tant que telle.

  • Stimulation électrique transcutanée par TENS (si zone localisée) : Prescription par un algologue dans un centre d’évaluation et de traitement de la douleur.
  • Chirurgie ou geste invasif : Décompressions des nerfs touchés, installation d’une pompe intrathécale (qui dispense des médicaments directement dans l’espace intrathécal, à côté de la moëlle épinière), etc…
  • Acupuncture : insertion d’aiguilles sur des points précis du corps
  • Kinésithérapie / ergothérapie (arceau, installation…) et/ou activité physique : soin par le mouvement.
  • Cryothérapie : soin par le froid.
  • Aromathérapie : avec essences, extraits et huiles essentielles
  • Psychothérapie : pour le contrôle du stress et des émotions.
  • Sophrologie : thérapies alternatives basées sur l’étude de la conscience.
  • Hypnothérapie : travail inconscient ou sur l’inconscient.

A qui parler de votre douleur pour obtenir un traitement ?

Vous n’êtes pas un patient Soins et Santé ?
Parlez-en dès que possible à votre médecin généraliste. Il pourra vous prescrire les premiers traitements et/ou vous orienter vers un médecin spécialisé.

Vous êtes patient de Soins et Santé ?
Parlez-en à votre infirmier libéral ou coordinateur, votre médecin d’Hospitalisation à Domicile ou à votre médecin traitant (d’EHPAD, hospitalier, gériatre,…) pour que nous puissions ensemble adapter votre traitement.

En attendant…


Petite question qui traîne…

C’est quoi le contraire d’une douleur neuropathique ?

Les douleurs non neuropathiques s’appellent…

…les douleurs nociceptives

Ce sont des douleurs qui interviennent suite à une inflammation, une lésion, une blessure des tissus (muscles, peau, organe,…) et non du système somatosensoriel. Les récepteurs nociceptifs ou les nocicepteurs des tissus atteints (irrités, inflammés, déchirés, compressés,…) envoient des signaux d’alerte au cerveau que celui-ci traduit alors en douleur.

Ce sont des douleurs localisées à l’endroit de la lésion. Elles sont aussi souvent continues car le signal est envoyé au cerveau tant que cette lésion n’est pas guérie.

Pour traiter le patient, le médecin pourra prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou des opioïdes. Ils empêchent la traduction des signaux d’alerte en douleur.

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